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et combattre avec plus de liberté. Il s’avança dans cet ordre contre les canots des Mexicains. À quelque distance, il fit prendre quelques momens de repos à ses rameurs, avec ordre de fondre ensuite à toutes rames dans le gros de la flotte ennemie. Un calme qui s’était soutenu tout le jour n’avait pas cessé de donner de l’exercice à leurs bras ; et les Mexicains, dans la vue apparemment de reprendre aussi des forces, firent la même manœuvre ; mais la fortune, qui s’était déclarée tant de fois en faveur des Espagnols, fit lever dans l’intervalle un vent de terre. Les brigantins, poussés par les voiles et les rames, tombèrent impétueusement sur cette foule épaisse de canots, et commencèrent un fracas qui se conçoit mieux qu’on ne peut le représenter. L’artillerie, les arquebuses et les arbalètes qui tiraient sans perdre un seul coup ; les piques qui faisaient une expédition terrible au passage ; la fumée que le vent portait devant la flotte, obligeaient les ennemis de tourner la tête pour s’en défendre ; le seul choc des brigantins, qui coulaient à fond autant de canots qu’ils en rencontraient, ou qui les brisaient en pièces ; enfin tous les avantages que la faveur du vent joignait à la valeur des Espagnols, leur assurèrent bientôt la victoire, avec aussi peu de perte que de danger. Quelques centaines de canots remplis de nobles se soutinrent néanmoins avec beaucoup de valeur ; mais tout le reste n’offrait qu’une affreuse confusion entre