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abondance un arbre auquel les Espagnols donnent le nom de cédre, quoiqu’il ressemble peu à ceux du mont Liban. Labat est persuadé que c’est le même arbre qu’on appelle acajou dans les îles du Vent. En effet il s’en rapproche beaucoup. Il a reçu le nom de cédrel. Ses feuilles sont pennées comme celles de l’acacia, et composées de folioles petites, longues et étroites, d’un vert pâle, minces, souples, frisées vers la pointe ; lorsqu’on les froisse dans la main, elles rendent un suc onctueux d’une odeur aromatique. L’écorce de l’arbre est épaisse, rude, crevassée, grise, assez adhérente. Le cédrel devient très-grand, surtout dans les terres arides, qu’il paraît aimer plus que les bonnes ; et peut-être contribue-t-il beaucoup à leur sécheresse, en attirant toute la substance par ses racines, qu’il étend fort loin du tronc. On le vante pour toutes sortes d’usages : les Espagnols en font des poutres, des chevrons, des planches, des cloisons et des meubles. Les Américains n’en connaissent pas de meilleur pour construire des canots et des pirogues de toutes sortes de grandeurs, capables de porter beaucoup de monde et de faire de longs trajets ; parce qu’étant léger et flottant sur l’eau, il est comme à l’épreuve du naufrage. On ne lui trouve d’autre défaut que de se fendre aisément ; mais on y remédie en garnissant l’intérieur des canots, et en serrant les deux extrémités avec quelques bandes de fer. Son odeur est extrêmement agréable. Il