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forces. Entre mille sujets de haine, les Tlascalans reprochaient aux Mexicains d’avoir infecté leur nation de ce détestable vice. L’ivrognerie était si rigoureusement défendue, qu’il n’était permis de boire des liqueurs fortes qu’aux vieillards qui avaient épuisé leurs forces dans la profession des armes. Le territoire de la république ne produisant point de sel, ni de coton, ni de cacao, ni d’argent, il n’y avait point d’excès ou de luxe à craindre dans la bonne chère et dans les habits. Cependant les lois y avaient pourvu en défendant de porter des étoffes de coton, de boire du cacao délayé, de se servir d’argent et de sel, si ces richesses n’avaient été gagnées par les armes. Les Tlascalans n’étaient pas nus ; ils portaient une camisole fort étroite, sans collet et sans manches, avec une ouverture pour y passer la tête ; elle descendait jusqu’aux genoux, et par-dessus, ils avaient une sorte de soutane d’un tissu de fil.

La liberté qui régnait à Tlascala, et les avantages d’un bon gouvernement, y attirant de toutes parts quantité d’étrangers qui cherchaient à se garantir de la tyrannie de leurs caciques, ils y étaient reçus, à la seule condition de s’y conformer aux lois. On y comptait parmi la noblesse environ soixante seigneurs qui s’étaient mis volontairement sous la protection de la république en qualité de vassaux. Elle avait des chevaliers qui avaient mérité ce titre par des actions héroïques ou des conseils