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la mémoire des anciens temps, mais encore les usages, les lois et les cérémonies. La ville d’Amatitlan, dans la province de Guatimala, était célèbre par l’habileté de ses habitans à composer le papier et les pinceaux. On trouvait dans plusieurs autres villes des bibliothèques, ou des recueils d’histoires, de calendriers, et de remarques sur les plantes et sur les animaux. C’étaient des feuilles d’arbres équarries, pliées et rassemblées. Quelques Espagnols, qu’Acosta traite de pédans, prirent les figures qu’elles contenaient pour des caractères magiques, et livrèrent au feu tout ce qu’ils en purent découvrir. Les plus sensés, après avoir reconnu l’erreur d’un faux zèle, en déplorèrent beaucoup les effets. Un jésuite, dont on ne rapporte point le nom, assembla, dans la province de Mexique, les anciens des principales villes, et se fit expliquer ce qu’il y avait de plus curieux dans un petit nombre de livres qui leur restaient. Il y vit plusieurs de ces roues qui figuraient leurs cycles, et dont on trouve un dessin dans la relation de Gemelli. Il y admira d’ingénieux hiéroglyphes, qui représentaient tout ce qui peut être conçu. Les choses qui ont une forme paraissaient sous leurs propres images, et celles qui n’en ont point étaient représentées par des caractères emblématiques. C’est ainsi qu’ils avaient marqué l’année où les Espagnols étaient entrés dans leur pays en peignant un homme avec un chapeau et un habit rouge au signe de la roue