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un prêtre en recueillait soigneusement les cendres ; et, se couvrant d’un habit terrible, il les remuait long-temps avec le bout d’un bâton et d’un air qui répandait la frayeur dans toute l’assemblée.

Lorsque l’empereur paraissait atteint d’une maladie mortelle, on mettait des masques sur le visage des principales idoles ; ils y restaient jusqu’à sa mort ou sa guérison : s’il mourait, on en donnait avis aussitôt à toutes les provinces de l’empire, non-seulement pour rendre le deuil public, mais pour convoquer tous les seigneurs à la cérémonie des funérailles. Ceux qui n’étaient éloignés que de quatre journées du lieu de sa mort devaient s’y rendre les premiers : c’était en leur présence qu’après avoir lavé le corps et l’avoir parfumé pour le garantir de toute corruption, on le plaçait assis sur une natte, où il était veillé pendant quatre nuits avec beaucoup de pleurs et de gémissemens. On coupait une poignée de ses cheveux, qui se conservait soigneusement ; on lui mettait dans la bouche une grosse émeraude, et on lui couvrait les genoux de dix-sept couvertures fort riches, dont chacune avait sa signification ; par-dessus on attachait la devise de l’idole qui était l’objet particulier de son culte, ou dont il avait été l’image. On lui couvrait le visage d’un masque enrichi de perles et de pierres précieuses. Ensuite on tuait pour première victime l’officier qui avait eu l’emploi d’entretenir les lampes et les parfums du palais, afin que le