Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lait les prêtres de son quartier, qui le mettaient à terre, assis à la manière du pays, et revêtu de ses meilleurs habits. Dans cette posture, ses parens et ses amis venaient le saluer et lui offrir des présens : si c’était un cacique, ou quelque personne considérable, on lui offrait des esclaves, qui étaient sacrifiés sur-le-champ, pour l’accompagner dans l’autre monde. Chaque seigneur ayant une espèce de chapelain pour le diriger dans les cérémonies religieuses, on tuait aussi ce prêtre domestique et les principaux officiers qui avaient servi dans la maison ; les uns pour aller préparer un nouveau domicile à leur maître, les autres pour lui servir de cortége ; et c’était dans la même vue que toutes les richesses du mort étaient enterrées avec lui. Si c’était un capitaine, on faisait autour de lui des amas d’armes et d’enseignes. Les obsèques duraient dix jours, et se célébraient par des pleurs et des chants : les prêtres chantaient une sorte d’office des morts, tantôt alternativement, tantôt en chœur, et levaient plusieurs fois le corps avec un grand nombre de cérémonies. Ils faisaient de longs encensemens, ils jouaient des airs lugubres sur le tambour et la flûte. Celui qui tenait le premier rang était revêtu des habits de l’idole que le défunt avait le plus particulièrement honorée, et dont il avait été comme l’image vivante, car chaque noble représentait une idole ; et de là venait l’extrême vénération que le peuple avait pour la noblesse. Lorsqu’on brûlait le corps,