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signifie eau de sang : une même lame ne servait jamais deux fois ; ils en avaient un grand nombre en réserve. Avant les fêtes, ils jeûnaient rigoureusement cinq ou six jours, se réduisant à l’eau ; ils dormaient peu, et se mortifiaient le corps par de fréquentes disciplines. Le peuple observait aussi ces pratiques aux fêtes solennelles, surtout pendant celle du Toxcoatl ou du jubilé. Leurs disciplines, faites de fil de maguey, étaient longues d’une brasse, et terminées par des nœuds, dont ils se donnaient de grands coups sur les épaules. Quoique les prêtres ne fussent obligés par aucune loi de se priver du commerce des femmes, ils y renonçaient dans ces grandes occasions, et quelques-uns y formaient des obstacles invincibles par des blessures volontaires, qui leur ôtaient pour quelque temps l’usage et le goût du plaisir.

Le soin des funérailles appartenait aussi aux prêtres ; elles n’avaient rien d’uniforme, et dépendaient presque toujours de la dernière volonté des mourans. Les uns voulaient être enterrés dans leurs terres, ou dans les cours de leurs maisons ; d’autres se faisaient porter dans les montagnes, à l’imitation des empereurs, qui avaient leurs tombeaux dans celle de Chapultépèque ; d’autres ordonnaient que leurs corps fussent brûlés, et que les cendres fussent enterrées dans les temples, avec leurs habits et ce qu’ils avaient de plus précieux. Aussitôt qu’un Mexicain avait rendu l’âme, on appe-