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ensemble dans un lieu secret, où ils exerçaient sur eux-mêmes quelque rude pénitence, telle que de se meurtrir la chair et de se tirer du sang. L’office de la nuit s’observait scrupuleusement. Chaque temple avait ses revenus, et les prêtres étaient bien payés pour les rigueurs qu’ils exerçaient sur eux-mêmes ; d’ailleurs on a déjà remarqué qu’une partie de la piété des Mexicains consistait à se tirer du sang.

L’usage des prêtres était de s’oindre depuis les pieds jusqu’à la tête, et les cheveux mêmes, d’une graisse claire et liquide, qui leur faisait croître le poil dans toutes les parties du corps, et qui le faisait dresser comme le crin des chevaux. Ils en étaient d’autant plus incommodés, qu’il ne leur était jamais permis de le couper, du moins jusqu’à leur extrême vieillesse, temps auquel ceux qui voulaient quitter leur profession étaient exempts de toute sorte de travail, et jouissaient d’une distinction proportionnée à l’opinion qu’on avait de leur vertu. Ils tressaient leurs cheveux avec des bandes de coton larges de six doigts. L’encens qu’ils employaient ordinairement n’étant que de la résine, leur teint, naturellement basané, en devenait presque noir. Lorsqu’ils allaient rendre hommage aux idoles, qu’ils tenaient dans des caves, dans des bois touffus ou sur des montagnes, ils s’y disposaient par une autre onction, composée de la cendre de plusieurs bêtes venimeuses, de tabac et de suie, pétris