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les pieds ; et les degrés étaient si raides, qu’il était précipité dans un instant. Tous les captifs destinés au sacrifice recevaient le même traitement jusqu’au dernier. Ensuite ceux qui les avaient livrés aux prêtres enlevaient les corps pour les distribuer entre leurs amis, qui les mangeaient solennellement. Dans toutes les provinces de l’empire, ce cruel usage était exercé avec la même ardeur. On voyait des fêtes où le nombre des victimes était de cinq mille, rassemblées soigneusement pour un si grand jour. Il se faisait des sacrifices à Mexico qui coûtaient la vie à plus de vingt mille captifs. Si l’on mettait trop d’intervalle entre les guerres, le topilzin portait les plaintes des dieux à l’empereur et lui représentait qu’ils mouraient de faim. Aussitôt on donnait des avis à tous les caciques que les dieux demandaient à manger. Toute la nation prenait les armes ; et, sous quelque vain prétexte, les peuples de chaque province commençaient à faire des incursions sur leurs voisins. Cependant quelques historiens prétendent que la plupart des Mexicains étaient las de cette barbarie, et que, s’ils n’osaient témoigner leur dégoût dans la crainte d’offenser les prêtres, rien ne leur donna plus de disposition à recevoir les principes du christianisme.

Il y avait d’autres sacrifices, qui ne se faisaient qu’à certaines fêtes, et qui se nommaient racaxipe velitztly, c’est-à-dire écorchement d’hommes. On prenait plusieurs captifs, que les