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On faisait une longue file des victimes, environnées d’une multitude de gardes. Un prêtre descendait du temple, vêtu d’une robe blanche bordée par le bas de gros flocons de fil, et portant dans ses bras une idole composée de farine de maïs et de miel ; elle avait les yeux verts et les dents jaunes. Le prêtre descendait les degrés du temple avec beaucoup de précipitation ; il montait sur une grande pierre qui était comme fixée sur une plateforme fort haute, au milieu de la cour, et qui se nommait quahtixicali ; il passait sur la pierre par un petit escalier, tenant toujours l’idole entre ses bras ; et, se tournant vers les captifs, il la montrait à chacun l’un après l’autre, en disant : C’est ici votre Dieu. Ensuite, descendant de la pierre par un second escalier opposé à l’autre, il se mettait à leur tête pour se rendre, par une marche solennelle, au lieu de l’exécution où ils étaient attendus par les ministres du sacrifice. Le grand temple en avait six qui étaient revêtus de cette dignité ; quatre pour tenir les pieds et les mains de la victime ; le cinquième pour la gorge, et le sixième pour ouvrir le corps. Ces offices étaient héréditaires et passaient aux fils aînés de ceux qui les possédaient. Celui qui ouvrait ïe sein des victimes tenait le premier rang, et portait le titré suprême de topilzin ; sa robe était une sorte de tunique rouge et bordée de flocons ; il avait sur la tête une couronne de plumes vertes et jaunes, des anneaux d’or aux