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ple n’éclatait avec beaucoup d’ardeur qu’à certains jours solennels. Elle était composée de toutes les semences des choses qui servent à la nourriture des hommes, moulues et pétries ensemble avec du sang de jeunes enfans, de veuves et de vierges sacrifiées. Les prêtres la faisaient sécher soigneusement, et toute grande qu’elle était, elle pesait peu. Le jour de la consécration, non-seulement tous les habitans de Mexico, mais ceux de toutes les villes voisines, assistaient à cette fête avec des réjouissances extraordinaires ; les plus dévots approchaient de l’idole, la touchaient avec la main, appliquaient à ses principales parties divers bijoux qu’ils croyaient sanctifiés par sa vertu, et les regardaient comme un préservatif contre toutes sortes de maux. Après cette cérémonie, l’idole était renfermée dans un sanctuaire, dont l’entrée était interdite aux laïcs, et même au commun des prêtres. On bénissait en même temps, avec de grandes cérémonies, un vase plein d’eau qu’on gardait dans le même lieu. Cette eau sacrée n’était employée qu’à deux usages, l’un pour le couronnement de l’empereur, et l’autre pour l’élection du général des armées : on en arrosait les soldats, et l’on en faisait boire au général. L’idole étant d’une matière que le temps ne manquait point d’altérer, on la renouvelait quelquefois avec les mêmes formalités. Alors la vieille était mise en pièces, qu’on distribuait comme de précieuses reliques entre les