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la dépense ordinaire de sa table, puisque tous ceux que leur devoir appelait autour de sa personne étaient nourris au palais. La table de l’empereur était grande, mais fort basse, et son siége n’était qu’un tabouret. Après ses repas, il prenait ordinairement d’une espèce de chocolat, qui consistait dans la simple substance du cacao, battue en écume. Ensuite il fumait du tabac mêlé d’ambre gris, et cette vapeur l’excitait à dormir. Lorsqu’il avait donné quelques momens au repos, on faisait entrer les musiciens, qui chantaient au son des instrumens diverses poésies dont les vers avaient leur nombre et leur cadence. Le sujet ordinaire de ces compositions était quelque trait de l’ancienne histoire du pays, ou des conquêtes du monarque et de ses prédécesseurs.

Les revenus de la couronne devaient être immenses, puisque avec tant de frais pour l’entretien de la cour, ils suffisaient non-seulement à tenir sans cesse deux ou trois grosses armées en campagne, et des garnisons dans les principales villes, mais encore à former un fonds considérable, qui croissait chaque année de ce qu’on mettait en réserve. Les mines d’or et d’argent apportaient beaucoup de profit. Les salines et tous les anciens droits de l’empire n’en produisaient pas moins ; mais les principales richesses venaient des nouveaux tributs que Montézuma portait à l'excès. Tous les paysans payaient le tiers du revenu des terres qu’ils faisaient valoir. Les ouvriers