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mine les plus hardis à prendre la voie du golfe.

En avançant de la province de Nicaragua au sud-est vers l’isthme de Darien, on entre dans la province de Costa Ricca, nom que Lionnel Waffer prend pour une ironie, parce que l’on n’y a pas trouvé de mines ; mais elle a des richesses aussi réelles dans ses superbes bois de construction, ses gras pâturages, ses bestiaux nombreux. Elle dépend, pour le spirituel de l’évêché de Léon, ou de Nicaragua. Sa capitale se nomme Carthago ; et ses autres villes, sans mériter beaucoup ce titre, sont Esparaza, Aranjuez et Castro d’Austrea. On doit juger par sa situation qui est resserrée entre deux mers, qu’elle a des ports sur l’une et sur l’autre.

Les flibustiers, qui fréquentaient beaucoup ces côtes par la facilité qu’elles leur donnaient de traverser le continent, ont par leurs campagnes fourni à leur historien Oëxmelin l’occasion de réunir des détails curieux sur divers objets. Voici ceux qu’il donne sur les singes de la côte occidentale : « Lorsqu’ils voyaient approcher les chasseurs, dit-il, ils se joignaient en grand nombre, en poussant des cris épouvantables, et nous lançaient des morceaux de branches sèches, qu’ils rompaient avec beaucoup de force. Quelques-uns faisaient leur fiente dans leurs pates, et nous la jetaient à la tête. Je remarquai qu’ils ne se séparent jamais, et qu’ils sautent de branche en branche avec une légèreté qui éblouit la vue. On n’en