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traires, parce qu’ils avaient des départemens d’Indiens qui étaient les plus maltraités, et qu’il n’avait de fond à faire que sur la justice de sa cause. Ensuite, lui ayant exposé toutes les cruautés qu’on exerçait sur les malheureux Américains, il l’exhorta, au nom du ciel, à prendre la défense de la religion, de l’équité et de l’innocence.

Matienco rendit compte au roi de ce qu’il venait d’entendre, et n’eut pas de peine à faire promettre une audience particulière. Le temps et le lieu furent nommés. Las Casas, par le conseil de Matienco, ne laissa pas de se présenter à l’évêque de Burgos et au commandeur de Conchilos, auxquels il fallait s’attendre que toutes ces explications seraient communiquées. Il en fut mal reçu, quoique moins durement par le commandeur ; mais il se flattait que la recommandation de l’archevêque de Séville pourrait balancer le crédit de ses adversaires, lorsqu’il apprit la mort de Ferdinand. Un si fâcheux contre-temps n’eut pas la force de refroidir Las Casas. Il résolut aussitôt de faire le voyage de Flandre pour instruire le prince Charles avant qu’on eut pensé à le prévenir. Cependant d’autres considérations ne lui permettant pas de faire cette démarche sans l’agrément du cardinal Ximenès, qui venait d’être déclaré régent du royaume, il prit le parti de l’aller voir à Madrid. Il le trouva fort bien disposé en sa faveur ; mais son voyage de Flandre n’en fut pas approuvé. Le cardinal, après