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de leurs ennemis, et de laisser leurs plaines libres pour la culture. Dans l’origine, ils avaient été gouvernés par des rois ; mais une guerre civile leur ayant fait perdre le goût de la soumission, ils avaient secoué le joug de la royauté pour former une espèce de république, dans laquelle ils se maintenaient depuis plusieurs siècles. Leurs bourgades étaient partagées en cantons, dont chacun nommait quelques députés, qui allaient résider dans la capitale, nommée Tlascala, comme la province, et ces députés formaient le corps d’un sénat dont toute la nation reconnaissait l’autorité. Cet exemple du gouvernement aristocratique est assez remarquable dans un monde encore à demi sauvage. Les Tlascalans, s’étant toujours défendus contre la puissance des empereurs du Mexique, se trouvaient alors au plus haut point de leur gloire, parce que les tyrannies de Montézuma avaient augmenté le nombre de leurs alliés, et que depuis peu ils s’étaient ligués pour leur sûreté commune avec les Otomies, peuples fort barbares, mais d’une grande réputation à la guerre, où la férocité leur tenait lieu de valeur.

Cortez, informé de toutes ces circonstances, crut devoir garder quelques ménagemens avec une république si puissante, et ne rien tenter sans avoir fait pressentir les dispositions du sénat. Il chargea de cette commission quatre de ses Zampoalans les plus distingués par leur noblesse et leur habileté. Marina prit soin de