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du ciel que ces Hommes étaient descendus. Les Américains eurent bientôt lieu de demander si ces hommes étaient sortis de l’enfer.

De retour dans sa colonie, l’amiral trouva que le besoin s’y faisait sentir de plus en plus. Une autre source de désordre fut la licence des gens de guerre que l’amiral avait laissés sous la conduite de don Pedro de Margarita. Cet officier avait reçu ordre de visiter toutes les provinces de l’île en faisant observer une exacte discipline : c’était trop exiger d’un corps de troupes qui manquait du nécessaire. Aussi les soldats castillans, qui trouvèrent les habitans peu disposés à leur fournir des vivres, employèrent-ils la violence pour s’en procurer : alors toutes les puissances de l’île se réunirent contre eux, à la réserve de Guacanagari, dont les états portaient le nom de Marien. Don Diègue, gouverneur d’Isabella, fit faire à Margarita des remontrances de la part du conseil : elles ne servirent qu’à l’irriter. La fierté de sa naissance lui faisant souffrir impatiemment l’autorité des Colomb, il se retira dans le fort de Saint-Thomas, d’où ses gens eurent la liberté d’employer toutes sortes de voies pour remédier à la faim qui les pressait. Il y était exposé lui-même ; et les historiens lui font honneur d’une action fort noble, qui mériterait plus d’éloges, s’il y avait su joindre un peu de modération dans sa conduite. Un jour que les habitans lui avaient apporté deux tourterelles, il les reçut et les paya libéralement : elles étaient