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pelle Junare ou Jirpon. Le commandant ayant perdu l’espérance de les entendre mieux, fit apporter une tasse d’arak, qui leur fut présentée tour à tour, et les envoya dans leur tente. Il se fit montrer ce qu’il leur restait de provisions, et bientôt après on leur apporta du riz cuit à l’eau. Mais, comme on s’imagina qu’ils mouraient de faim, on ne leur en donna d’abord qu’une portion médiocre, dans la crainte que l’excès ne leur fût nuisible.

Après midi, les Hollandais furent surpris de voir venir plusieurs de ces barbares avec des cordes à la main. Ils ne doutèrent pas que ce ne fût pour les étrangler. Mais leur crainte s’évanouit en les voyant courir vers les débris du vaisseau pour tirer au rivage ce qui pouvait leur être utile. Le pilote ayant fait ses observations, jugea qu’ils étaient dans l’île de Quelpaert, située par les 33° 32′ de latitude.

Les insulaires employèrent le 19 à tirer au rivage tous les restes du naufrage, à faire sécher les toiles et les draps, et à brûler le bois pour en tirer le fer, qu’ils recherchent beaucoup. Comme la familiarité commençait à s’établir, les Hollandais se présentèrent au commandant de l’île, et à l’amiral, qui s’était aussi approché de leur tente. Ils firent présent à l’un et à l’autre d’une lunette d’approche et d’un flacon de vin rouge. La tasse d’argent du capitaine ayant été trouvée entre les rochers, ils l’offrirent aussi à ces deux officiers. Les lunettes et la liqueur furent acceptées ; il parut