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qui contiennent de grands arbres de toutes les espèces. Ils sont fort droits, et propres à la construction des édifices publics, surtout à celle des vaisseaux. Les voyageurs nomment le pin, le frêne, l’orme, le chêne, et quantité d’autres arbres qui sont peu connus en Europe.

On emploie un si grand nombre de pins ou de sapins à la construction des vaisseaux, des barques et des édifices, qu’il paraît surprenant que la Chine en ait encore des forêts. La consommation en est fort grande aussi pour le chauffage. Les provinces du nord ne se servent pas d’autres arbres pour bâtir. Celles des parties méridionales au delà du Kiang emploient ordinairement le cha-mou.

Mais le bois le plus estimé à la Chine s’appelle nan-mou. Les colonnes des appartemens et des anciennes salles du palais impérial, les fenêtres, les portes et les solives en sont toutes construites ; il passe pour incorruptible. « Lorsqu’on veut bâtir pour l’éternité, disent les Chinois, il faut employer du nan-mou. » C’est apparemment ce qui est cause que les voyageurs le prennent pour le cédre ; mais, si l’on s’en rapporte au témoignage des missionnaires qui l’ont vu, ses feuilles ne ressemblent point à celles des cédres du Mont-Liban, tel qu’on en trouve la description dans les voyageurs. L’arbre est fort droit et très-haut ; ses branches s’élèvent verticalement. Elles ne sortent qu’à une certaine hauteur, et se terminent en bouquet à l’extrémité.