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abondance extrême d’amaranthes, qui sont d’une rare beauté, et qui font l’ornement des jardins ; mais il avoue que les œillets de la Chine ont peu d’odeur, ou n’en ont aucune.

On voit dans les étangs, et souvent dans les marais, une fleur qui se nomme lien-hoa et que les Chinois estiment beaucoup. Aux feuilles, au fruit et à la tige, on la prendrait pour le nénuphar. Le lien-hoa est fort commun dans la province de Kiang-si. C’est un spectacle fort agréable que de voir des lacs entiers couverts de ces fleurs qui se cultivent avec soin. Les grands seigneurs en font croître dans de petites pièces d’eau, et quelquefois dans de grands vases remplis de terre détrempée, qui servent d’ornement à leurs jardins ou à leurs cours.

Les Chinois emploient presque uniquement des sucs de fleurs et d’herbes pour peindre des figures sur les étoffes de soie , dont ils font leurs habits et leurs ameublemens. Ces couleurs, qui pénètrent la substance de la soie, ne se ternissent jamais ; et comme elles n’ont pas de corps, elles ne s’écaillent pas. On s’imaginerait qu’elles sont tissues dans le corps de l’étoffe, quoiqu’elles n’y soient que délicatement appliquées avec le pinceau.

Les plaines de la Chine sont couvertes d’une si grande abondance de riz, qu’à peine offrent-elles un arbre ; mais les montagnes, surtout celles de Chen-si, de Honan, de Quang-tong et de Fokien, sont remplies de forêts,