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neaux. On l’étend négligemment pour y jeter le vernis, et lorsque les parties fluides l’ont pénétré, on le tord pour en exprimer le reste, qui se vend aux droguistes, et qui sert quelquefois en médecine. Ces marchands sont fort satisfaits lorsque de mille arbres on a tiré dans une nuit vingt livres de vernis. On verse les vaisseaux qui le contiennent dans des seaux de bois, calfatés en dehors, dont les couvercles sont bien attachés avec des clous. Une livre de vernis se vend dans sa fraîcheur environ quarante sous, et le prix augmente à mesure que le lieu est plus éloigné.

Outre la propriété d’embellir les ouvrages, le vernis chinois a celle de conserver le bois et de le garantir de l’humidité. Il prend également toutes sortes de couleurs, et lorsqu’il est bien appliqué, le changement d’air ou d’autres causes ne lui font rien perdre de son lustre. La manière de l’appliquer a déjà été écrite. Comme le vernis demande à être quelquefois exposé dans des lieux humides et même trempé dans l’eau, on ne s’en sert qu’à de petits ouvrages que l’on peut manier et tourner à son gré. Si dans les bâtimens, par exemple, dans la grande salle impériale, dans l’appartement de l’empereur, et dans d’autres édifices de la Chine, on voit de grosses colonnes vernissées, ce n’est pas de vrai vernis qu’elles sont enduites ; on y emploie une autre substance qui se nomme tong-yeou, et qui vient de l’arbre que l’on va décrire.