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Je ne t’aime pas moins : tu vas voir que mon cœur
N’a non plus que le tien merité ſon malheur.
Cher Amant, reçois donc ce triſte ſacrifice.
Sa main & le poignard font alors leur office :
Elle tombe, & tombant range ſes vétemens,
Dernier trait de pudeur, même aux derniers momens.
Les Nymphes d’alentour lui donnerent des larmes ;
Et du ſang des Amans teignirent par des charmes
Le fruit d’un Meurier proche, & blanc juſqu’à ce jour,
Éternel monument d’un ſi parfait amour.
Cette hiſtoire attendrit les filles de Minée :