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XXI.

La jeune Veuve.



LA perte d’un époux ne va point ſans ſoupirs.
On fait beaucoup de bruit, & puis on ſe conſole.
Sur les aiſles du Temps la triſteſſe s’envole ;
Le temps rameine les plaiſirs.
Entre la Veuve d’une année,
Et la Veuve d’une journée,
La difference eſt grande. On ne croiroit jamais
Que ce fuſt la meſme perſonne.
L’une fait fuïr les gens, & l’autre a mille attraits.
Aux ſoûpirs vrais ou faux celle-là s’abandonne :