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PREFACE.



L’Indulgence que l’on a euë pour quelques-unes de mes Fables, me donne lieu d’eſperer la même grace pour ce Recueil. Ce n’eſt pas qu’un des Maiſtres de noſtre Eloquence n’ait deſapprouvé le deſſein de les mettre en Vers. Il a cru que leur principal ornement eſt de n’en avoir aucun ; que d’ailleurs la contrainte de la Poëſie jointe à la ſeverité de noſtre Langue, m’embaraſſoient en beaucoup d’endroits, & banniroient de la pluſpart de ces Recits la breveté, qu’on peut fort bien appeller l’ame du Conte, puiſque ſans elle il faut neceſſairement qu’il languiſſe. Cette opinion ne ſçauroit partir que d’un homme d’excellent gouſt : je demanderois ſeulement qu’il en relâchaſt quelque peu, & qu’il cruſt que les Graces Lacedemoniennes ne ſont pas tellement ennemies des Muſes Françoiſes,