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LA VIE D’ESOPE
LE PHRYGIEN.
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Nous n’avons rien d’asseuré touchant la naissance d’Homere et d’Esope. A peine mesme sçait-on ce qui leur est arrivé de plus remarquable. C’est dequoy[1] il y a lieu de s’étonner, veu que l’Histoire ne rejette pas des choses moins agreables et moins necessaires que celle-là[2]. Tant de destructeurs de Nations, tant de Princes sans merite, ont trouvé des gens qui nous ont appris jusqu’aux moindres particularitez de leur vie, et nous ignorons les plus importantes de celles d’Esope et d’Homere, c’est-à-dire des deux personnages qui ont le mieux merité des Siecles suivans. Car Homere n’est pas seulement le Pere des Dieux, c’est aussi celuy des bons Poëtes. Quant à Esope, il me semble qu’on le devoit mettre au nombre des Sages, dont la Grece s’est

  1. On lit dans l’édition de 1665 : C’est dont il y a lieu de s’étonner.
  2. Ainsi dans les éditions publiées du vivant de l’auteur. Celles-là dans toutes les éditions modernes.