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commencerai mon récit que du jour de notre séparation. L’époque en est mémorable, puisqu’elle date de la suppression de l’asyle où nous avions passés les plus doux et les plus paisibles momens de notre vie. Votre sort et le mien différaient beaucoup ; vous retourniez dans les bras d’une mère ; la mienne, en me donnant le jour, avait terminé sa carrière. Mon père, entraîné par l’exemple et maîtrisé par les préjugés de sa caste, avait sacrifié le sentiment de la nature à un fol orgueil ; il avait abandonné patrie, famille, tout ce qui attache l’homme sensible, et préféré un faux point d’honneur. Ma gouvernante était le seul appui qui me restât. J’avais été destinée à prendre le voile dans l’abbaye où je vous ai connue ; mon frère, qui était au collège de Louis le Grand, ne devait me voir qu’après la pro-