Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 1.djvu/369

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une même personne tant d'amour, tant de raison et tant de douleur.

Don Olmond finit ainsi son récit et, tant qu'il dura, il fit sentit à Consalve ce qui ne se peut exprimer. Apprendre qu'il était aimé de Zayde, trouver des marques de tendresse dans tout ce qu'il avait jugé des marques d'indifférence, C'était un excès de bonheur qui l'emportait hors de lui-même et qui lui faisait goûter dans un moment tous les plaisirs que les autres amants ne goûtent qu'interrompus et séparés. Le roi allait découvrir à don Olmond que Consalve était Théodoric lorsqu'on le vint avertir que les députés qui traitaient la paix demandaient à lui parler. Il laissa ces deux amis ensemble ; et don Olmond, prenant la parole : Je pourrais me plaindre avec justice, dit-il à Consalve, de ne devoir qu'à moi seul la connaissance de Théodoric, et notre amitié m'avait mis en état d'espérer de le connaître par vous-même. Je m'étonne que vous ayez pu croire qu'il fût possible de me le cacher, en me laissant voir tant de curiosité pour ce qui regardait Zayde. Je connus que vous l'aimiez le premier jour que vous me parlâtes d'elle, et je fus étonné que ce que je croyais une première vue eût produit en vous une passion qui me paraissait déjà si violente. Ce que j'ai appris de Félime m'a fait voir, depuis, qu'un homme tel qu'elle m'a dépeint Théodoric, ne pouvait être que Consalve. Je n'ai point voulu d'autre vengeance du secret que vous m'en aviez fait que le billet que je vous ai écrit, avec quelque intention de vous donner de l'inquiétude ; ma vengeance est satisfaite, et le plaisir que