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ZAYDE,
HISTOIRE ESPAGNOLE.


SECONDE PARTIE.



Lorsque Consalve se trouva dans le palais de Léon, la vue d’un lieu où il avait été si heureux, lui redonna les idées de sa fortune et renouvela sa haine pour don Garcie. La douleur d’avoir perdu, Zayde, céda pour quelques moments aux sentiments impétueux de la colère, et il ne fut occupé que du désir de faire connaître à ce prince qu’il méprisait, tous les mauvais traitements qu’il pouvait recevoir de lui.

Comme il était dans ses pensées, il vit entrer Hermenesilde, suivie seulement du prince de Léon. La vue de ces deux personnes ensemble dans un lieu si particulier, et au milieu de la nuit, lui causa une telle surprise qu’il lui fut impossible de la cacher. Il recula quelques pas, et son étonnement fit si bien voir sur son visage toutes les pensées qui se présentaient en foule à son imagination, que don Garcie, prenant la parole : Ne me trompé-je point, mon cher Consalve, lui dit-il ne sauriez-vous point encore les changements qui sont arrivés dans cette cour ? Et douteriez-vous que je ne fusse légitime possesseur d’Hermenesilde ? Je le suis, ajouta-t-il, et il ne manque rien à mon bonheur,