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DES ROMANS.

madame de la Fayette. Si l’on voulait absolument en atténuer le mérite, en y cherchant une cause intéressée, on pourrait rappeler que Huet lui-même, à l’âge de vingt-cinq ans, avait fait un roman intitulé le Faux Inca. Quoi qu’il en soit, on me permettra d’insister sur le suffrage d’un homme qui a composé la Démonstration évangélique, et que ses vertus chrétiennes, autant que son profond savoir, ont élevé au siège épiscopal d’Avranches.

Marmontel, auteur des romans philosophiques de Bélisaire et des Incas, et des Contes moraux, a fait, comme beaucoup d’écrivains, sa poétique pour ses ouvrages. Comme il avait affecté de leur donner à tous un but moral, prétention qui, pour quelques-uns, se manifestait par le titre même, il a cru devoir composer un Essai sur les romans considères du côté moral. Rien n’est assurément mieux pensé ni mieux écrit que ce morceau. Il y a, sur le mérite littéraire des romans les plus célèbres, quelques observations rapides et judicieuses ; mais ce qui s’y trouve traité avec tout le soin, tout le développement dont la matière est susceptible, c’est la question de l’utilité ou du danger dont les romans en général, et chacun d’eux en particulier, peuvent être pour les mœurs. Cet examen est fait avec une sévérité qui approche quelquefois du rigorisme ; et l’on peut affirmer que, si les Contes moraux de Marmontel lui-même, sur-tout les premiers, étaient soumis à une censure aussi peu indulgente, il y en aurait très-peu qui ne fussent pas réprouvés.

La Harpe, plus exclusivement littérateur que Mar-