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croisade contre les albigeois.

piques, masses, brandons, guizarmes, pierres, haches, javelots, flèches, carreaux, massues pleuvent de toutes parts, de sorte que les hauberts, les heaumes, les écus, les arçons, [7805] les insignes admirables, les bordures, les boutons, les chevaux, les tresses, l’or, le ciclaton, étaient rouges de sang. Tels furent la noise, le bruit, le tumulte, que beaucoup de ceux de la ville rentrèrent à la dérobée, [7810] traversant les fossés de la ville avec de l’eau jusqu’au menton ; les autres, cependant, combattent au dehors dans le champ, habitants de la cité ou du bourg, archers et gens de pied, et tuèrent dans la vigne Guillaume Chauderon[1]. Des deux côtés on se bat sur son corps. [7815] Sicart de Montaut[2] résiste avec énergie : carreaux, lances, écus, heaumes, chevaux, épieux, sont plus serrés que piquants de hérisson. Pourtant les assiégeants enlèvent de vive force le corps [de Guillaume]. [7820] Mais une gent étrangère, Blaventins[3] et Bre-

  1. Ce personnage m’est d’ailleurs inconnu ; je ne sais s’il était de la famille de Jean Chauderon qui fut, dans la seconde moitié du xiiie siècle, connétable de la principauté d’Achaïe ; voyez Buchon, Recherches historiques sur la Principauté française de Morée, I, 152 n. 3, et l’index onomastique du même volume.
  2. On a vu paraître, aux vers 5755 (voy. p. 297, n. 2), entre les partisans du comte de Toulouse, un Rogier de Montaut ; je ne saurais décider s’il y a lieu de rattacher à la même famille le Sicart de Montaut, partisan de Simon de Montfort, qui figure ici et plus loin, v. 9011. Un « Sicardus de Monte alto » est témoin en 1230 à un acte de Raimon VII (Teulet, Layettes, n° 2079) ; en 1245 il est chargé par ce prince d’une mission importante et qualifié à cette occasion de « dilectus ac fidelis noster » (Bibl. de l’École des chartes, 2, II, 191-2).
  3. Les « Blaventi » du v. 7820 ne paraissent pas différents des « Blauotini » ou « Bloetini », Flamands du pays de Fumes, sur