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introduction, § vii.

tonin, où nous savons qu’il y avait un chapitre de chanoines réguliers. Ce bénéfice lui fut sans doute conféré en récompense de ses compositions littéraires. Il n’y a là rien que de conforme aux usages du moyen âge. C’est de même que l’auteur d’un des poèmes dont Graindor de Douai a formé sa chanson de Jérusalem fut nommé, par le prince d’Antioche Raimon (✝ 1149), chanoine de Saint-Pierre d’Antioche[1]. Nous avons à déterminer approximativement l’époque où Guillem reçut son canonicat. Simon de Montfort s’empara de Saint-Antonin le 6 mai 1212[2] ; peu après il s’en éloigna, confiant la ville à la garde du comte Baudouin[3]. Celui-ci ne paraît pas y avoir fait un bien long séjour, car en septembre de la même année, nous le retrouvons au siège de Moissac[4]. C’est entre ces deux dates, en tout cas après mai 1212, vraisemblablement dans l’été de cette année, que Guillem devint chanoine[5]. Remarquons en passant qu’il faudrait avancer sa nomination, si on voulait lire 1212 au lieu de 1210 au

  1. Li bons princes Raymons qui la teste ot colpée,
    Que Sarrazin ocirent, la pute gens desvée,
    Ceste canchon fist faire, c’est verité provée.
    Quant l’estoire l’en fu devant lui aportée
    Chil qui la canchon fist en ot bone soldée ;
    Canoines fu Saint Pierre et provende donnée.

    (Bibl. de l’École des chartes, II, 441.)

    Le Roux de Lincy, qui a cité ce passage, a pris le prince d’Antioche pour le comte de Toulouse Raimon de Saint-Gilles, lequel ne portait pas le titre de prince et mourut de mort naturelle.

  2. Voy. trad. p. 133 n. 1.
  3. Voy. le poème v. 2397.
  4. Voy. le poème, laisse CXIX.
  5. Les archives du chapitre de Saint-Antonin forment l’un des fonds des archives départementales du Tarn-et-Garonne. M. G. Bourbon, alors qu’il était archiviste de ce département, a bien voulu, à ma demande, faire dans ce fonds quelques recherches qui sont demeurées sans résultat, les documents du temps de G. de Tudèle y étant très-rares.