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croisade contre les albigeois.

péché mortel, pourvu seulement qu’il combatte les hérétiques, a sa pénitence faite. — Par Dieu ! sire évêque, pour rien que vous me disiez [4340] vous ne me ferez croire, sauf votre respect, que pour votre prédication et pour nos péchés Jésus-Christ ne soit irrité contre nous. Ce que j’ai vu me fait craindre que la hardiesse et la fortune nous aient abandonnés sans espoir, [4345] car si la chrétienté entière s’était trouvée d’un côté armée en champ de bataille et nous de l’autre, je n’aurais jamais cru qu’entre eux tous ils eussent été capables de nous honnir et de nous faire reculer. » Puis il dit au comte : « Rappelez à l’ost entière qu’aucun homme, vieux ni jeune, ne doit se désarmer. [4350] On pourra bien dire que Merci a été accomplie et le Tort redressé, si nous et vous trouvons[1] le droit que vous poursuivez. » Puis, des deux parts, jusqu’au jour, ils firent le guet avec les chevaux armés, les épées ceintes, les heaumes lacés ; [4355] car au dedans comme au dehors si grande est la fureur qu’ils préfèrent la guerre au repos et à la paix. Dans la ville ils ont abondance de tous les vivres qu’ils peuvent désirer, et au sommet du château règnent l’affliction et la misère[2] : [4360] aucun bien n’y abonde, ni pain, ni vin, ni blé. Quant aux assiégeants du dehors[3], ils souffrent à ce point que personne d’entre eux ne peut se reposer ni se déshabiller pour dormir, ni se désarmer pour boire ni manger ; et bien souvent il leur faut combattre quand ils n’en ont point envie,

  1. Ou encore « si nous trouvons en vous (e[n] vosi). » Il doit y avoir ici quelque chose d’ironique que je ne saisis pas.
  2. Il y a dans le texte tempestatz qui ne signifie rien ici.
  3. Ceux de Simon.