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croisade contre les albigeois.

Montauban [1], Dragonet le preux[2], [3860] Eleazar

    (v. 3871) Guiraudet, et Geraldetus en diverses chartes. C’était en effet l’usage au Midi, principalement en Provence, de donner à l’aîné des enfants le nom du père avec la terminaison diminutive. J’en ai donné plusieurs exemples dans la Revue des Sociétés savantes, 5e série, II, 366. Nous allons voir le fils de Raimon VI appelé Ramondet.

  1. Ce personnage n’a rien de commun avec la ville de Montauban, comme l’a cru M. Devais, Hist. de Montauban, 359-60. Il s’agit de Montauban, commune du cant. de Sederon, arr. de Nyons. Raimon de Montauban figure dans l’acte de partage des enfants de Dragonet, mentionné à la note suivante. Il paraît que plus tard la seigneurie de Montauban fut unie à celle de Mondragon, car nous rencontrons en 1250 (Cartul. de S. Victor, n° 1128) et en 1264 (Douët d’Arcq, Invent. des sceaux, t. I, n° 2868) un « Dragonetus, dominus Montis Albani » qui est probablement le « Dragonet riches hom de Provence » qui prit part à la première croisade de saint Louis (Joinville, éd. de Wailly, § CXXIX).
  2. Dragonet et Pons de Mondragon, celui-ci mentionné deux vers plus bas, étaient frères. Leur père, qui s’appelait Dragonet (nom qui paraît avoir été réservé au chef de la famille), mourut vers la fin du xiie siècle, après avoir partagé ses terres entre ses enfants. L’acte de partage, qui n’est point daté, nous est parvenu en deux exemplaires : l’un, auquel manquent trois ou quatre lignes à la fin, a été communiqué au Comité des Travaux historiques par M. l’abbé C.-U.-J. Chevalier, et publié à la suite d’un rapport de moi dans la Revue des Sociétés savantes, 5e série, t. II (1871), p. 368 ; l’autre, qui est entier, a été mis au jour par M. l’abbé Albanès, dans les notes de son édition de la Vie de saint Bénézet, p. 37. Dans cet acte Pons de Mondragon est qualifié de tos, ce qui veut dire qu’il était alors un enfant. Entre Dragonet et Pons on voit figurer dans le même acte un autre frère, Raimon de Mondragon, qui ne paraît pas dans le poëme de la croisade. — Notre Dragonet fut un personnage important. En 1210 il est témoin de l’accord conclu entre Raimon  et Guillem du Baus (voy. ci-dessus, n. 1) : plus loin, v. 4954 et suiv., nous allons le voir négocier la capitulation du château de Beaucaire. En 1217 (P. de V.-C. ch. LXXXIV, Bouq. 109 a) Simon de Montfort détruit son château situé sur le bord du Rhône, et peu après (Bouquet, ibid. d) il se soumet au chef de la croisade. Je ne sais s’il doit être identifié