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croisade contre les albigeois.

CIII.

Seigneurs, longuement a duré la bataille et le tournoi. Des deux côtés, par la foi que je vous dois, il en mourut des uns et des autres, je vous l’assure. [2215] Le châtelain de Lavaur y perdit trois de ses fils tels que ni comte ni roi n’eut plus beaux. Cependant l’ost de Toulouse [qui] était sous Castelnaudari, dans le pré, voulait s’en aller, tant était grand son effroi ; [mais] Savaric s’écrie à haute voix : « Seigneurs, demeurez tranquilles : [2220] que personne ne bouge et ne plie tente, car vous seriez tous morts ou vaincus sur le champ[1]. — Ô sire Dieu de gloire ! par ta très-sainte loi garde-nous de déshonneur, » dit chacun à part soi, « que nous ne soyons honnis ! »

CIV.

[2225] Quand le comte de Toulouse entend la nouvelle que le comte de Foix et les leurs sont déconfits, alors ils croient tous véritablement qu’ils sont trahis : ils tordent leurs poings ; l’un dit à l’autre : « Sainte

    Bouchart lorsque le comte de Montfort intervint : « Agnoscatur igitur operata Divinitas : non enim potuit comes bello interesse, quamvis sub festinatione maxima adveniret : jam enim suis militibus victoriam dederat victor Christus » (ch. LVII, Bouq. 54 a). Quoi qu’il en soit, le récit de G. deTudèle, qui émane d’un témoin oculaire (voy. v. 2157 et suiv., et 2169) et qui abonde en faits précis et en noms propres, est pour le moins d’une autorité égale à celui du panégyriste du sire de Montfort.

  1. P. de V.-C. (Bouq. 55 b) mentionne également la présence de Savaric à cette affaire.