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croisade contre les albigeois.

mère le veulent et y consentent, il luttera contre eux, et cela prochainement. Je ne sais pourquoi j’allongerais le récit : [1200] P. Rogier et les siens ne s’effraient point : de leurs chevaux ils descendent tous ensemble ; ils brisent les mangonneaux sous leurs yeux[1], y mettent le feu avec de la paille : le feu gagne ; en bien peu de temps ils auraient été brûlés s’il avait fait un peu de vent, [1205] mais Dieu ne le voulait pas.

LV.

Quand Guillaume de Contre a entendu l’alarme ; il crie aussitôt : « Aux armes ! chevaliers ». Il avait bien huit vingts sergents en sa compagnie, sans compter les chevaliers. [1210] Ils font ouvrir les portes au nom de sainte Marie, et vont se lancer parmi eux en la prairie ; et les autres, à cette vue, ne les dédaignent point, mais ils vont à leur rencontre comme brave gent hardie. Dieu ! qu’il y eut en cette journée de bonnes lances brisées, [1215] et de bons coups frappés sur les heaumes de Pavie[2] ! Guillaume de Contre pique le destrier de Hongrie ; là, dans la mêlée la plus grande, Dieu me bénisse ! il s’est violemment jeté, courroucé, plein de fureur ; en la rivière qui a nom Aude il s’est mis. [1220] Dedans, au milieu de l’eau, il a fendu la presse ; il y trouva sur son chemin un des

  1. Sous les yeux de leurs conducteurs.
  2. Les heaumes de Pavie (cf. 5015) font, comme on sait, les plus fréquentes apparitions dans nos chansons de geste, comme aussi les destriers de Hongrie dont il est question à la ligne suivante, voy. par ex. Garin, éd. P. Paris, I, 95.