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De l'art des armes

son épée, qu’il lui étoit honteux d’abandonner. Cet enthousiasme de la valeur ne contribua pas peu à la grandeur de la république.

Le François en tout temps s’est fait un honneur de l’emporter sur ses voisins dans tous les exercices du corps, et l’éducation d’un gentilhomme étoit incomplète lorsqu’il n’avoit point appris à tirer des armes ; disons mieux, il négligeoit dans les premiers temps toute autre instruction. Tout le monde sait que le brave Duguesclin n’avoit jamais voulu apprendre à lire, par un préjugé qui heureusement n’existe plus ; un gentilhomme, ne connoissant que l’art des armes, méprisoit toute autre science, comme indigne d’un véritable noble.

L’art des armes étoit très protégé en France, les rois en ont consacré l’institution par des règlements et des statuts qui honoroient à-la-fois le souverain et les artistes. Louis XIV, par un des articles de ces statuts, accorda à six maîtres, après vingt années d’exercice, des lettres de noblesse, pour eux et leurs descendants ; il leur accorda aussi pour armes deux épées en sautoir sur fond d’azur, et quatre fleurs de lis, surmontées d’un heaume. C’étoit reconnoître honorablement les services qu’ils avoient rendus à l’état.

Au sacre de nos rois, le connétable, qui représente l’armée, porte l’épée comme le soutien de l’autorité. Il est donc de grande importance, lorsque nos guerriers renouvellent les hauts faits d’armes de nos anciens preux, que tout homme appelé à la défense de l’état apprenne à se servir de l’épée. En acquérant l’adresse