Page:La Boëssière - Traité de l'art des armes, 1818.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2
Traité

droit de se servir de l’épée pour la défense de la patrie. Chez tous les peuples cette arme a été la marque distinctive des chefs, et dans les emblêmes elle représente encore l’autorité.

Les anciens Gaulois, nos aïeux, n’ont pas eu moins de respect pour cette arme que les peuples qui les avoient précédés dans le chemin de la gloire. Dans les temps brillants de la chevalerie, une cérémonie auguste et solennelle avoit lieu à la réception d’un chevalier ; dans cette espèce de baptême militaire, l’accolade lui étoit donnée avec l’épée. Le vaillant François Ier voulut la recevoir des mains de Bayard, sur le lieu même où se donna la fameuse bataille de Marignan, dite la bataille des géants.

Aussitôt qu’un preux étoit reçu chevalier il prenoit pour devise : Dieu, son Roi et sa Dame ; il prononçoit sur son épée ce serment, dont la violation entraînoit l’infamie. C’est par cette raison que tous les peuples guerriers firent de l’art des armes un point essentiel de l’éducation. En Grèce, qui n’étoit qu’une réunion de petites républiques voisines et rivales, tout citoyen étoit soldat en naissant. On l’appliquoit de bonne heure aux exercices qui devoient en former un défenseur à l’état, et l’art des armes étoit au premier rang dans la Gymnastique.

À Rome, le citoyen seul étoit admis à l’honneur de porter les armes, le salut de l’état reposoit sur la discipline militaire, et cette discipline étoit entretenue par des exercices continuels qui tenoient la jeunesse en haleine. Un soldat apprenoit à manier avec dextérité