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SUR SAINT-GEORGES

Recherché dans toutes les sociétés, il fut redevable souvent à la masique de liaisons où l’amour entra pour quelque chose. Doué d’une expression vive, il aimoit et se faisoit aimer.

Avec un cœur aussi sensible il devoit être généreux, aussi l’étoit-il extrêmement ; méprisant pour lui la fortune, ce qu’il possédoit appartenoit à ses amis. Libéral, bienfaisant, il se privoit pour soulager le malheureux : j’ai connu moi-même des vieillards auxquels il a porté des secours et les soins les plus touchants, tant que ses facultés le lui ont permis.

Il rendoit encore ses dons plus précieux par la délicatesse qu’il mettoit à les faire accepter. Il aimoit particulièrement les enfants. La douceur, la bonté et la confiance étoient nées en lui, et, malgré la vivacité de son caractère, il s’observoit si bien qu’on n’avoit jamais à se plaindre de ses emportements. Il étoit dangereux cependant de le pousser à bout ; mais, revenu à lui, il employoit tous les moyens pour faire oublier ce que ses discours auroient pu avoir d’offensant.

Il ne vouloit pas compter un seul ennemi, et l’on étoit obligé de l’aimer et de l’admirer. Bon jusqu’à la foiblesse, il se laissoit entraîner sans songer souvent qu’une affaire d’intérêt l’appeloit ailleurs. On ne pouvoit lui en vouloir, puisqu’il