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qu’elle possédait dans la ville et dans les faubourgs de Rennes, elle était, en effet, propriétaire de nombreux droits, juridictions, fiefs, patronages, dîmes, prieurés et métairies, tant dans le diocèse de Rennes que dans les diocèses de Saint-Malo, de Dol, de Tréguier, de Vannes, de Nantes et même de Quimper.

Adelle de Bretagne, comme suzeraine féodale, permit sous certaines clauses, vers 1036, à un de ses principaux feudataires — Donoal — de bâtir à Tinténiac une forteresse que remplaça plus tard le château de Montmuran. Vers 1050, un traité semblable intervint entre la même abbesse et Salomon, fils de Geoffroi, pour le château et le fief de Noyal.

Elle eut plus d’une fois à défendre les droits de son abbaye contre des contestations injustes : le duc Conan, son neveu, lui prêta, en pareil cas, un appui énergique. C’est entre les mains de la princesse Adelle que la vicomtesse Roianteline remit la direction de la communauté qu’elle avait essayé de fonder à Chavagne.

Les Actes des Saints de l’Ordre de saint Benoît, les collections des Conciles, l’Histoire Littéraire, les divers recueils de chartes publiés par les Bénédictins, ne laissent aucun doute sur la culture intellectuelle des femmes vouées à la vie cénobitique sous la règle de saint Benoît, aux xie et xiie siècles.

Les abbesses étaient obligées de pourvoir à l’éducation et à l’instruction des jeunes filles du monde qui leur étaient confiées, en même temps que de cultiver l’esprit des novices destinées à la vie claustrale. Souvent les religieuses, à l’imitation des moines, se préparaient aux sciences sacrées par l’étude des arts libéraux[1].

Il y a lieu de penser que, comme les abbayes du Ronceray

  1. Léon Maître, archiviste du département de la Mayenne, Écoles épiscopales et monastiques de l’Occident.