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construction s’était accompli ; des ruines de la monarchie de Nominoë, d’Érispoé et de Salomon, à travers des incidents sans nombre, malgré les discordes et les compétitions des principaux chefs bretons entre eux, s’était recomposée une sorte de fédération où les petites principautés indépendantes, groupées autour d’un suzerain, tendaient à restaurer, avec les formes de la constitution féodale, l’unité et l’influence de la royauté universelle du pays.

Aux comtes de Nantes et de Vannes, qui avaient pour auteur Alain Barbetorte, petit-fils d’Alain-le-Grand, le libérateur de la Bretagne, le pourfendeur des hordes normandes, sembla d’abord appartenir le rôle prépondérant. Mais ce grand homme ne laissa après lui qu’une descendance illégitime. Après de sanglants démêlés avec le comte de Bennes, Conan-le-Tort, qui, lui, se portait avec raison pour l’héritier et le représentant des anciens rois bretons de la dynastie du grand Nominoë[1], les bâtards de la Maison de Nantes durent se résigner à lui céder la prédominance.

  1. Pierre Le Baud et Bertrand d’Argentré donnent à Conan-le-Tort la généalogie suivante : I. Modérand, comte de Rennes au ixe siècle, gendre du roi Salomon (878). — II. Salomon, comte de Rennes. — III. Bérenger, id. — IV. Juhael Bérenger. — V. Conan, que les Chroniques d’Anjou appellent roi des Bretons. Mais cette généalogie, que n’appuie aucun document historique, est à bon droit contestée par nos savants bénédictins.

    Une notice insérée dans le volume 45, ms. des Blancs-Manteaux (notice que je crois du P. Lobineau), discute les éléments de cette généalogie imaginée par Le Baud. J’admettrais volontiers les conclusions de l’érudit critique. D’après ses recherches, Judicaël doit remplacer le fabuleux Salomon, comte de Rennes. Judicaël était certainement petit-fils d’Érispoë.

    Qui était son père ? Ne serait-ce pas Gurwand, dont la femme semble avoir été fille d’Érispoë ; car Bertrand d’Argentré le désigne comme cousin germain du roi Salomon.

    Au sujet de Judicaël, concurrent d’Alain-le-Grand, et disparu de la scène historique dès 907, notre bénédictin conjecture avec assez de vraisemblance