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Topographie, &c.

légumes qu’on a semés ou plantés au poste de Tadoussac sont bien venus. À Chicoutimy, le sol est meilleur encore qu’à Tadoussac. Les arbres les plus communs sont le bouleau, le frêne, l’orme, le pin rouge et le pin blanc, l’épinette et le peuplier.

Mr. M’Douall ne connaît pas, pour les avoir vus, le lac St. Jean, non plus que les rivières qui y portent le tribut de leurs eaux : mais il tient de personnes qui ont exploré le pays, que les terres sur les bords de ce lac et de ces rivières sont bonnes et propres à la culture, et qu’on y trouve beaucoup de bois dur, tels que le merisier et l’érable. Il est persuadé qu’on pourrait cultiver dans ces contrées tous les grains, végétaux et arbres fruitiers que l’on cultive dans les parties habitées du Bas-Canada, particulièrement les pommiers, auxquels il croit le sol plus favorable que celui même de Montréal. C’est au confluent des rivières et aux environs des baies que les terres sont les plus fertiles. Audessus et audessous de l’embouchure du Saguenay, le long du St. Laurent, cent cinquante familles trouveraient des terres fertiles, des marais salins, du foin naturel, du poisson et du gibier en abondance. Si l’intérieur du pays s’établissait, Chicoutimy, qui est à la tête de la navigation du Saguenay, deviendrait une ville de commerce, d’où l’on exporterait d’abord des pelleteries, du poisson, de l’huile et des bois de construction de toutes sortes : ensuite, de la potasse, du bled, de la farine, des viandes salées, du chanvre, &c.

Les réponses de Mr. M’Kenzie au même comité ajoutent quelque chose aux éclaircissemens donnés par Mr. M’Douall ; mais nous les remettrons à une autre fois.


Du Voyage de Franchère.

La rivière Saskatchiwine coule sur un lit composé de sable et d’argile ; ce qui ne contribue pas peu à diminuer la pureté et la transparence de ses eaux, qui, comme celles du Missouri, sont épaisses et blanchâtres. À cela près, c’est une des plus jolies rivières du monde. Les bords de la Saskatchiwine sont tout-à-fait charmants, et offrent, en plusieurs endroits, la scène la plus belle, la plus riante et la mieux diversifiée que l’on puisse voir ou imatoner : des collines de formes diverses, couronnées de superbes touffes de peupliers ; des vallons agréablement rembrunis, le soir et le matin, par l’ombre prolongée des coteaux et des bosquets qui les décorent ; des troupeaux de légers cabris, et de lourds bœufs Illinois — ceux-là bondissant sur le penchant des collines, ceux-ci foulant de leurs pieds pesants la verdure des prés ; toutes ces beautés champêtres réfléchies et doublées, pour ainsi dire, par les ondes du fleuve ; le chant mélodieux et varié de mille oiseaux divers perchés sur la cime des arbres ; l’haleine rafraîchissante des zéphirs ; la sérénité du ciel ; la pureté et la salubrité de l’air : tout, en un mot, porte le contentement et la joie dans l’âme du spectateur enchanté. C’est surtout le matin, quand le soleil se lève, et