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éloigné de nos façons de penser que trop souvent le traducteur est réduit à garder, sous leur forme indigène, des termes pour lesquels nous manquent des équivalents, même approximatifs. Ce n’est pas ici et dans les limites où il convient de m’enfermer, que se peuvent aborder tous les problèmes qui se posent, ni approfondir des discussions singulièrement délicates. Des indications rapides ne peuvent d’ailleurs suppléer que bien imparfaitement à ces impressions directes qu’éveille et que contrôle, seule, une familiarité prolongée avec les manifestations diverses d’une race dans l’histoire et dans la vie. Au moins, voudrais-je, en les invitant à pénétrer sur un terrain assez tourmenté, offrir aux lecteurs patients quelques fils conducteurs.

Et, tout d’abord, qu’est-ce que la Bhagavadgîtâ ?

Elle se présente comme un fragment du Mahâbhârata.

De l’immense épopée, le centre est le récit de la lutte qui met aux prises pour le pouvoir suprême deux branches d’une même famille : d’une part, les cinq fils de Pâṇḍu (dont Arjuna) ; de l’autre, leur oncle Dhṛitarâshṭra avec Duryodhana et ses quatre-vingt-dix-neuf frères. Mais, débordant de toutes parts le cadre héroïque, elle a pris figure d’encyclopédie. Elle ne s’est pas contentée de s’en-