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Pénélope, et par Télémaque qu'il laissa jeune encore dans son palais. »

Il dit. Télémaque en pensant à son père est attendri jusqu'aux larmes : des pleurs s'échappent de ses paupières et tombent sur la terre lorsqu'il entend parler d'Ulysse. Le fils de Pénélope prend de ses deux mains son riche manteau de pourpre et s'en couvre les yeux. Tout à coup Ménélas le reconnaît ; et dans son âme il délibère s'il laissera Télémaque se livrer au souvenir de son père, ou s'il doit l'interroger d'abord et lui demander quelques détails sur Ulysse[1].


Tandis que Ménélas agite ces pensées dans son esprit, Hélène sort de ses appartements élevés et odorants, et s'avance semblable à Diane, déesse à l'arc d'or ; Adraste lui présente un siège élégant ; Alcippe lui apporte un tapis d'une laine moelleuse, et Phylo lui offre une corbeille d'argent qu'Hélène reçut d'Alcandre, l'épouse de Polybe, qui demeurait à Thèbes, ville d'Égypte, où les palais renferment de grandes richesses. Polybe lui-même donna à Ménélas deux bassins d'argent, deux trépieds et dix talents d'or. Alcandre envoya à Hélène de magnifiques dons ; elle lui fit présent d'une quenouille d'or, et de cette corbeille circulaire en argent, dont les bords extérieurs sont enrichis d'or. Phylo, la suivante d'Hélène, porte cette corbeille remplie de pelotons déjà filés, et sur ce fil est étendue la quenouille entourée d'une laine violette. Hélène se place sur le siège, et ses pieds reposent sur une estrade. Aussitôt elle se hâte d'interroger son époux en lui disant :


« Savons-nous, ô Ménélas, roi chéri de Jupiter, quels sont ces hommes arrivés aujourd'hui dans notre palais, et quelle est leur origine ? Me serais-je trompée ou vais-je dire la vérité ? Mais je ne puis résister aux inspirations de mon cœur. Non, jamais je n'ai

  1. ) Nous avons suivi les corrections indiquées dans le texte grec de Dubner, et nous avons écrit πειρήσαιτο (vers 119) au lieu de μυθήσαιτο, lequel mot se trouve dans le texte de Clarke et a fort embarrassé madame Dacier, Bitaubé et Dugas Montbel. Nous devons ajouter que Voss a adopté cette correction dans son excellente traduction allemande de l’Odyssée, que nous citons toujours avec plaisir.