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les recouvre d'une double couche de graisse sur laquelle on place les chairs sanglantes. Le vieillard brûle les cuisses sur des éclats de bois qu'il arrose d'un vin aux sombres couleurs ; et près de lui des adolescents tiennent entre leurs mains des broches à cinq pointes. Quant les cuisses sont consumées et que les convives ont goûté les entrailles, ou divise en petits morceaux les restes de la génisse, on les perce avec des broches et on les fait rôtir en tenant dans les mains ces broches acérées.

Cependant Télémaque est conduit au bain par la belle Polycaste[1], la plus jeune des filles de Nestor, issu de Nélée. Après qu'elle l'a baigné et parfumé d'huile, elle le couvre d'une tunique et d'un riche manteau. Télémaque sort du bain[2], et par sa démarche il ressemble aux immortels, il s'avance et va s'asseoir auprès de Nestor, pasteur des peuples. Quand les viandes sont rôties à l'extérieur, on les retire du feu, et tous les convives s'asseyent pour prendre le repas. De nobles hommes se lèvent et versent le vin dans des coupes d'or. Lorsque les assistants ont bu et mangé selon leurs désirs, le chevalier Nestor de Gérénie prend la parole en ces termes :


« Mes enfants, donnez à Télémaque des coursiers à la belle crinière ; attelez-les au char, pour que ce jeune héros continue son voyage. »

Il dit. Les fils de Nestor, après l'avoir écouté, lui obéissent aussitôt, et ils attellent promptement au char des chevaux rapides. L'intendante du palais dépose dans ce char le pain, le vin et les autres aliments dont se nourrissent les rois élevés par Jupiter.

  1. Le poète grec dit : Τηλέμαχον λοῦσεν καλὴ Πολυκάστη (vers 464) (la telle Polycaste lava Télémaque). Athénée fait remarquer à l'endroit de ce passage qu'Homère représente les jeunes filles et les femmes lavant les étrangers et les touchant avec modestie, parce que, selon l'ancien usage, il n'était ni flamme impure ni mauvais désirs pour ceux qui vivaient honnêtement (Daipn. épit. I, 10, E).
  2. Par ces mots : ἔκ ῥ᾽ ἀσαμίνθου βῆ (vers 468), il ne faut pas entendre, dit un commentateur, que Télémaque sortait de la salle du bain, mais de la baignoire ; car ὴ ἀσαμίνθος était la cuve même où l'on prenait le bain. Ces cuves étaient en métal poli ; de là l'épithète εὔζεστος, qu'emploie souvent, Homère dans l’Iliade et dans l’Odyssée.