Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/68

Cette page n’a pas encore été corrigée

en excitant ses compagnons. Le blond Ménélas nous rejoignit dans l'île de Lesbos, lorsque nous délibérions sur notre long voyage ne sachant pas si nous devions naviguer vers l'île de Psyrie, au-dessus de l'âpre Chio, en laissant cette dernière à gauche, ou bien aller au-dessous de Chio, près de l'orageux Mimas. Alors nous supplions les dieux de nous manifester leur volonté par quelque signe : aussitôt ils nous ordonnent de fendre la pleine mer et de voguer vers Eubée, afin d'échapper promptement au malheur. Tout à coup un vent impétueux[1] s'élève, et nos navires, parcourant avec vitesse les voies poissonneuses[2], arrivent à Géreste pendant la nuit. Là, nous brûlons en l'honneur de Neptune, après un si long voyage sur la vaste mer, d'innombrables cuisses de taureau. Le quatrième jour les compagnons du fils de Tydée, Diomède, vainqueur de coursiers, entrèrent dans Argos avec leurs navires. Moi, je dirigeai ma course vers Pylos ; et le même vent qui nous avait été envoyé par les immortels ne cessa de souffler. Ainsi, mon cher fils, je suis venu sans avoir rien appris ; j'ignore même quels sont parmi les Achéens ceux qui périrent et ceux qui furent sauvés. Mais tout ce que j'ai entendu dire depuis que je repose dans mes foyers, je te le raconterai, et je ne te cacherai rien. On dit que les braves Myrmidons sont revenus heureusement dans leur patrie sous la conduite de l'illustre fils du magnanime Achille. On dit aussi que Philoctète, le noble fils de Péas, est de retour. Idoménée a ramené en Crète tous ceux de ses compagnons que la guerre épargna, et que la mer ne voulut point lui ravir. Quoique éloigné, tu as sans doute entendu parler d'Agamemnon ; tu sais comment il revint dans sa patrie, et comment Égisthe lui réserva une triste fin. Mais Égisthe a reçu le châtiment de son crime. Heureux le

  1. Le texte grec porte λιγὺς οὖρος (vers 176) (vent sonore, aigu, perçant), que Clarke et Duhner ont rendu par ventus stridulus. Voss traduit trés-bien ces deux mots par ein sauselnder Wind (vent bourdonnant).
  2. Le texte grec porte λιγὺς οὖρος (vers 176) (vent sonore, aigu, perçant), que Clarke et Duhner ont rendu par ventus stridulus. Voss traduit trés-bien ces deux mots par ein sauselnder Wind (vent bourdonnant).