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venus dans nos demeures, et toujours Ulysse les a reçus avec bienveillance. »



Minerve aux yeux d'azur lui répond aussitôt :

« Tu sauras tout : je m'honore d'être Mentès [1], fils du belliqueux Anchiale, et je règne sur les Taphiens, peuples qui, sans cesse, parcourent les mers. J'arrive en ces lieux sur un de mes navires avec mes compagnons ; et, sillonnant le noir Océan, je vais à Tamèse, chez des peuples étrangers, pour échanger de l'airain contre du fer brillant. J'ai laissé mes vaisseaux non loin de la ville, dans le port de Réthron, au pied du mont Neïus qu'ombragent les forêts. Félicitons-nous d'être depuis longtemps des hôtes de famille, et tu l'apprendras en interrogeant le vieux Laërte. On dit que ce héros ne se rend plus à la ville, mais que, livré à la douleur, il vit solitaire dans ses champs avec une vieille suivante qui lui prépare ses aliments et ses breuvages lorsqu'il a parcouru lentement, les membres brisés de fatigue, ses vignes fécondes. J'aborde aujourd'hui en cette île, parce qu'on m'a dit que ton père était au milieu des siens ; mais les dieux l'égarent encore dans sa route. Non, le divin Ulysse n'a point quitté la terre : il est

  1. Nous avons suivi fidèlement le texte grec : je m’honore d’être Mentès, Μέντης εὔχομαι εἶναι.