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coursiers, et Pollux, si plein de force au pugilat ; ces deux guerriers habitent encore la terre féconde, et ils sont même honorés par Jupiter jusque dans les sombres demeures. Castor et Pollux vivent et meurent tour à tour, et on leur rend les mêmes honneurs qu'aux dieux immortels[1].

» Après Léda j'aperçois l'épouse d'Aloée, Iphimédie, qui se glorifie d'avoir reposé entre les bras de Neptune. Iphimédie eut deux fils, le divin Otus, et l'illustre Éphialte, dont la vie fut de courte durée. Jamais la terre fertile ne nourrit, après le célèbre Orion, de héros aussi grands et aussi beaux que les deux fils d'Iphimédie ; car à neuf ans ils avaient neuf coudées de grosseur, et leur taille était de neuf brasses[2]. Ces héros menacèrent les immortels d'apporter dans les cieux le tumulte de la guerre ; ils tentèrent même de placer le mont Ossa dans l'Olympe, et sur l'Ossa le Pélion chargé de forêts, afin d'escalader le ciel. Certes ils auraient réussi, s'ils eussent atteint l'âge de puberté ! Le fils de Jupiter et de Latone à la blonde chevelure les tua tous deux avant que sous leurs tempes fleurît un tendre duvet, et que leurs joues fussent couvertes d'une barbe naissante.

» J'aperçois ensuite Phèdre, Procris et la fille du fatal[3] Minos, la belle Ariane, que Thésée enleva de Crète pour l'emmener dans la ville sacrée d'Athènes ; mais il ne put s'unir à elle, car Diane, sur le témoignage de Bacchus, la perça de ses flèches dans l'île de Dia.

» Enfin je vois Maira, Clymène, et l'odieuse Ériphyle, qui sacrifia son époux pour de l'or éclatant. — Mais je ne puis ni dire ni

  1. Jupiter accorda l'immortalité à Pollux et lui permit de la partager avec son frère ; c'est pourquoi ils sont alternativement dans l'Olympe et dans l'Enfer. Une tradition ultérieure les fait naître d'un œuf de cygne, et les transporte parmi les étoiles pour être les dieux protecteurs des nautoniers. — Knight pense que ces vers doivent être supprimés, parce que, dit il, les fils de Tyndare n'étaient pas des divinités aux yeux d'Homère.
  2. On prétend que la coudée grecque avait 43 centimètres, et la brasse 1 mètre 80 centimètres.
  3. Clarke, Dugas-Montbel et Voss, sans tenir compte de l’esprit placé sur l'omicron, ont lu ὀλοόφρων, au lieu de ὁλοόφρων (vers 323), et ont traduit cette épithète, le premier par prudent, le second par sage, et le troisième par allererfahrein (expérimenté). Dubner seul l'a bien rendue par exitiosus.