Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/181

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se plongeant dans l'onde, s'aperçoit qu'on l'a fait tiédir : Ulysse s'en réjouit au fond de son cœur, car, depuis qu'il abandonna la demeure de Calypso, de cette déesse à la belle chevelure qui avait pour lui les mêmes soins que pour un dieu, il manquait de toutes les choses nécessaires à la vie. Lorsque les suivantes ont baigné l'étranger, elles le parfument d'essence, et le revêtent d'une tunique et d'un superbe manteau. Alors Ulysse sort du bain et se rend au milieu des convives. Nausica, qui reçut des dieux la beauté en partage, se tient debout près des portes de l'élégante demeure ; quand elle aperçoit Ulysse, elle l'admire et elle lui adresse ces rapides paroles :

« Salut, ô noble étranger ; lorsque tu seras de retour dans ta patrie, ne m'oublie point : car c'est moi la première qui t'ai sauvé la vie. »

Le sage Ulysse lui réplique aussitôt :

« Nausica, fille du magnanime Alcinoüs, écoute-moi ; si jamais Jupiter, le formidable époux de Junon, me permet de revoir mes demeures et ma patrie, tous les jours je t'implorerai comme une divinité : puisque c'est toi, jeune vierge, qui m'as sauvé la vie. »

Il dit, et s'assied sur un trône auprès d'Alcinoüs. Bientôt on distribue les mets, et l'on mêle le vin dans les cratères ; un héraut guide le chantre mélodieux vénéré par les peuples : il le fait asseoir au milieu des convives, et il appuie son siège contre une haute colonne. Le prudent Ulysse coupe le dos d'un sanglier aux blanches dents, d'un sanglier entouré d'une graisse abondante et dont il restait encore une grande partie ; puis il prononce ces paroles :

« Héraut, porte ce mets à Démodocus, pour qu'il le mange, et dis à ce chanteur que je le chéris malgré ma tristesse. Chez tous les hommes habitants de la terre, les chantres sont honorés et respectés ; car les muses leur inspirent de divins accents, et les déesses aiment la race des chanteurs. »

    le fameux nœud de Gordius, qu'Alexandre trancha d'un coup de son épée, est toujours nommé δεσμὸς par Plutarque. Selon Eustathe, les anciens se servaient de liens noués avec art pour fermer les coffres qui contenaient des objets précieux. Le même auteur prétend que ce furent les Lacédémoniens qui inventèrent les clefs.