Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée

tenir ta promesse, si Mars, en fuyant, s'affranchissait à la fois et de sa dette et de ses liens ? »

Neptune lui répond aussitôt :

« Vulcain, si Mars s'enfuit et se dérobe à sa rançon, c'est moi-même qui acquitterai sa dette. »

Alors Vulcain lui dit :

« Maintenant il ne serait ni juste ni convenable de te refuser ce que tu me demandes. »


En disant ces mots, le dieu rompt les liens. — Dès que les deux divinités sont dégagées de leurs chaînes pesantes, elles se lèvent brusquement : Mars s'élance vers les contrées de la Thrace ; et Vénus au doux sourire se rend à Chypre, dans la ville de Paphos où elle possède un bois sacré et des autels chargés de parfums. Là les Grâces s'empressent de baigner cette déesse et de répandre sur elle une huile divine qui rehausse les charmes des dieux éternels, puis elles la couvrent de somptueux vêtements : Vénus ainsi parée est admirable à voir. »

Tels sont les chants de l'illustre Démodocus ; Ulysse les écoute avec ravissement, et aux accents du chanteur se réjouissent les Phéaciens, navigateurs habiles, dont les longues rames sillonnent les mers.

Alcinoüs ordonne à Halius et à Laodamas de danser seuls, parce que nul ne pouvait lutter avec eux. Ces danseurs prennent une superbe balle teinte de pourpre que leur avait faite le prudent Polybe, et l'un des deux, se renversant en arrière, la lance jusqu'aux sombres nuages ; l'autre, s'élevant par un bond rapide, la reçoit avec adresse et la renvoie aussitôt avant que de ses pieds il ait touché le sol. Quand ils se sont exercés quelque temps à lancer verticalement cette balle dans les airs, ils dansent en cadence et effleurent de leurs pas légers la terre fertile. Les jeunes gens debout dans le cirque applaudissent ces danseurs avec transport, et un grand bruit s'élève de toutes parts. Alors le divin Ulysse, s'adressant à Alcinoüs, lui dit :


« Puissant Alcinoüs, toi le plus illustre d'entre les Phéaciens, tu te glorifies à juste titre de posséder les meilleurs danseurs ; certes, en les voyant sauter avec tant de légèreté, je suis saisi d'admiration. »