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racher au sommeil lorsque vous apprîtes que mon fils allait s'embarquer sur un sombre navire ! Si j'avais soupçonné qu'il méditait ce voyage, certes je l'aurais retenu malgré son impatience, ou bien il m'aurait laissée morte dans ce palais ! — Que l'une de vous appelle promptement le vieux Dolius, ce serviteur que mon père me donna quand je vins en ces lieux et qui garde maintenant mon verger rempli d'arbres. Que Dolius se rende promptement près de Laërte, et l'instruise de tout ce qui m'arrive ; peut-être ce vieillard concevra-t-il en son âme quelque projet, et se présentera-t-il en gémissant devant le peuple d'Ithaque qui laisse périr la postérité du divin Ulysse et celle du glorieux Laërte ! »

Euryclée, la nourrice bien-aimée, lui répond aussitôt :

« Ô ma fille chérie, tu peux me tuer avec le fer cruel ou me laisser vivre dans ce palais ; mais je ne te cacherai point la vérité. J'étais instruite de tout ; et c'est moi qui, d'après les ordres de ton fils, lui donnai le pain, les viandes succulentes et le vin délectable. Mais il exigea de moi le plus grand des serments. Il me fit jurer de ne rien t'apprendre avant le douzième jour, à moins cepen-