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fou qui le croirait. Avez-vous jamais trouvé une femme qui vous ait fait des avances — je ne parle pas des infâmes et des filles publiques ?

« En connaissez-vous un seul, parmi vous, qui ne laisserait pas sa femme, quelque belle qu’elle soit, pour en suivre une autre, s’il espérait l’obtenir vite et facilement ? Et que feriez-vous si une dame ou une damoiselle vous priait, ou vous offrait de l’argent ? Je crois que, pour plaire aux unes ou aux autres, nous y laisserions tous la peau.

« Celles qui ont abandonné leurs maris, le plus souvent avaient des raisons pour cela. Ne voit-on pas en effet ceux-ci, dégoûtés de leur intérieur, porter leurs désirs au dehors et rechercher la maison d’autrui ? Nous devrions aimer, puisque nous voulons qu’on nous aime, et n’exiger de nos femmes qu’en raison de ce que nous leur donnons. Si cela était en mon pouvoir, je ferais une loi telle que l’homme ne pourrait aller contre.

« Cette loi porterait que toute femme surprise en adultère serait mise à mort, si elle ne pouvait prouver que son mari a lui-même commis une seule fois le même crime. Si elle pouvait le prouver, elle serait remise en liberté, sans avoir à craindre ni son mari ni la justice. Le Christ, parmi ses préceptes, a laissé celui-ci : Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fît.

« L’incontinence, en admettant qu’on puisse la leur reprocher, ne saurait être le fait de leur sexe tout entier. Mais même en cela, qui de nous ou